En contant, en racontant une histoire, on exerce un travail sur son corps.
Conter permet de mettre en mouvements différentes parties du corps.
En premier lieu, le visage exprime des émotions et des sensations que l’on perçoit et que l’on cherche à faire percevoir par l’auditoire lorsque l’on conte. La bouche à l’aide de mimiques, de moues, de grimaces peut exprimer le dégout, la joie. Un regard, un sourcillement peut témoigner de l’étonnement d’une situation ou bien encore de la peur ou de la crainte.
Le nez peut venir afficher une sensation olfactive agréable ou désagréable. On accorde ainsi de l’importance aux émotions et aux ressentis. A l’aide du visage, on rend compte des émotions et des ressentis induits par l’histoire que l’on conte.
De la même manière les mains et les bras sont aussi en mouvements, cette fois pour venir appuyer certains mots et leur donner plus d’ampleur et de profondeur. Parfois même, les gestes remplacent les mots et suffisent à eux seuls pour déduire une action.
Enfin, des déplacements du corps en entier permettent de déduire une situation et favorisent ainsi la visualisation de l’histoire aussi bien auprès du conteur que du public. Pour cela, on s’assure d’être bien ancré au sol pour avoir des mouvements fluides en accord avec l’histoire racontée.
Conter contribue à la prise de conscience de son corps et de ses mouvements. Conter favorise la mise en lien du corps et de la voix pour renforcer l’imagination et la visualisation.
🗯En contant, en racontant une histoire on exerce un travail sur son oralité :
🌟 On est attentif au volume de sa voix, pour être entendu de tous.
🌟On est attentif à son élocution, pour être compris de tous.
🌟 On amplifie, étire, découpe certains mots pour leur donner plus de résonance auprès du public.
🌟On maintient le public en écoute, en donnant du rythme à sa voix pour faire écho aux actions décrites.
🌟On marque des silences pour donner loisir à chacun de visualiser les images, les situations énoncées.
🌟🌟🌟🌟🌟
Poursuivons de détailler les apports de l’art de conter à l’aide de l’acrostiche « CONTER ». Nous avions vu plus haut la lettre « C »et la lettre « O » de l’acrostiche pour expliquer les apports sur son corps, mis alors en mouvement et sur son oralité.
Cette fois, nous allons nous intéresser à la lettre N qui à l’aide d’un tour de passe-passe et en faisant preuve d’un peu d’imagination devient un « I » accolé à un « V ». I pour imagination et V pour visualisation.
Je vous l’accorde cela en fait un presqu’acrostiche. Qu’importe le résultat est là, du moins le travail.
Oui puisqu’il s’agit là, en s’exerçant à l’art du récit de réaliser un travail sur son imagination et sa visualisation.
Le conteur, avant la mise en bouche des mots, s’assure que l’espace dans lequel il conte est neutre visuellement (sauf si il en décide autrement évidemment). Il déplace et met de côté tous les objets parasites. A défaut de pouvoir les déplacer, il pensera à les inclure si ce n’est dans la narration, alors au moins dans l’interpellation.
Imaginons alors que l’espace est neutre, le conteur pourra alors dresser le décor en faisant appel à son imagination.
Le conteur sera l’interprète du lieu, de personnages et de tous les éléments qui composent l’histoire.
A l’aide de son imagination et de la manière dont il leur donnera corps, il pourra alors les visualiser et favoriser la visualisation de son auditoire. Nul besoin pour le conteur d’en préciser tous les contours, il laissera le public s’en emparer librement.
Il situera ainsi dans son espace certains éléments de son histoire à l’aide d’un geste ou d’un regard. On regardera en l’air pour signifier un ciel étoilé ou bien à nos pieds pour une minuscule souris qui croise notre chemin.
Pour l’heure, si vous n’êtes toujours pas convaincu, je vous propose de vous exercer :
– Racontez une anecdote à des amis ou à des proches en tentant de vous remémorer les éléments principaux de l’histoire en les imaginant, en les visualisant.
– Demandez ensuite à ces personnes de vous décrire les éléments qui composent votre anecdote.
🌟🌟🌟🌟🌟
Nous y voilà. Il est temps d’aborder le dernier apport de l’art de conter en référence à l’illustration ci-dessous (Il y en a bien d’autres encore …)
S’exercer à l’art du conte permet de travailler sur les émotions et les ressentis pour ainsi les transmettre à son auditoire. Ce travail permet de favoriser l’attention du public du début à la fin.
Rappelons ici que les neurosciences (et d’autres sciences) recensent six émotions principales : la joie, la tristesse, la peur, le dégoût et la surprise. Chacune de ces émotions est déclinable. La peur se décline en inquiétude, stress, embarras, panique, terreur…
Du côté des ressentis, on fait référence ici aux 5 sens : le goût 👄, l’odorat 👃, le toucher🖐, la vue 👀 et l’ouïe 👂.
En racontant une histoire, le conteur veille à partir du squelette de cette première, à lui donner la chair et l’épaisseur nécessaires. Pour se faire il y met des émotions et des ressentis.
Il s’appuie sur l’ensemble des éléments abordés dans les posts précédents. Pour signifier la peur 😨, il utilise :
– Son corps ; un mouvement de recul, des yeux grands ouverts
et une bouche mi-ouverte.
– Son oralité ; une voix faible toujours audible et chevrotante
– son imagination et sa visualisation ; un regard, un geste pour
situer l’objet de sa peur.
Pour ce qui est des ressentis, il tâche de décrire un lieu, un personnage, un objet et tout autre composante de l’histoire. Il fait preuve encore une fois d’imagination et de visualisation et s’aide de son corps et de son oralité. Pour une pomme 🍎, il peut en décrire l’aspect (la vue), le croquant (l’ouïe), en sentir l’odeur fruité (l’odorat), en évoquer la saveur sucrée et acide (le goût), en suggérer le contact avec la paume de sa main et ses doigts (le toucher).
Le conteur porte une attention particulière à chacune des émotions et à chacun des ressentis qu’il s’emploie à percevoir.
La transmission qu’il en fait est quant à elle involontaire mais bien présente. Le conteur est bien plus présent dans son histoire qu’auprès de son auditoire. Il est davantage concentré à imaginer, à visualiser, à ressentir qu’à transmettre. Il n’en n’est pas moins que la transmission est belle et bien faite. Quelques regards furtifs et dans le vague vers son auditoire lui permettent de s’en assurer par moment.
C’est ainsi que le conteur ou l’apprenti conteur, en racontant son histoire, travaille sur la perception des émotions et des sens. L’objectif étant de les transmettre à son auditoire et l’inciter à l’écoute.